"1 Real"
CD
1. Deixa Falar
2. Tocando O Terror
3. Cala Cala
5. Wakaru
6. Shakespeare
7. JPS

Avant de devenir musicien professionnel, j'ai travaillé pendant plusieurs années en tant que scénariste et réalisateur de documentaires, ce qui me conduisait souvent à effectuer de longs voyages à travers le Brésil. Le même rythme scande à présent ma vie de musicien: les tournées se succèdent, et je passe peu de temps à Recife, la ville où je suis censé vivre…

Entre mon album précédent et celui-ci, j'ai fini par faire une vraie pause, qui m'a permis de redécouvrir ma ville. J'ai passé beaucoup de temps à Brasilia Teimosa, une communauté de pêcheurs démunis qui vivent dans une banlieue située au bord de la mer. A chaque coin de rue, on y entendait les sonos tonitruantes de vendeurs ambulants qui écoulent des CDRs contenant des tubes populaires urbains. Des morceaux produits de façon sommaire, dans un but purement commercial… mais qui véhiculent néanmoins les préoccupations des classes défavorisées.

Tout y est, dans les paroles de ces chansons: des histoires d'amour, de sexe, de tromperies, de cachaça (alcool de canne), et la dureté naïve de ceux qui se contentent de peu. La musique est basée sur des structures traditionnelles nordestines, dopées aux guitares électriques, aux boîtes à rythmes et aux programmations lo-fi. Du forró à la musique de la Jovem Guarda (la Jeune Garde du rock romantique brésilien des années 60), tout y est recomposé dans un format adapté à un public qui aspire à entendre des fragments de leurs vies résumés dans une chanson.

L'originalité de cette réinvention de la tradition, au sein de l'environnement urbain de Recife, a constitué ma principale référence pendant que je produisais cet album. Le titre "1 Real" évoque à la fois la réalité crue qui est décrite dans ces chansons populaires, et le fait qu'elles circulent sous forme de CDRs vendus à la sauvette pour quelques reals (c'est la devise monétaire brésilienne), ce qui – contrairement aux produits générés par l'industrie 'officielle' du disque – les rend accessibles aux couches les plus pauvres de la population.                                                                                                               DJ Dolores



Après avoir créé la sensation en combinant pour la première fois les traditions du Nordeste brésilien avec les musiques urbaines euro-américaines, DJ Dolores revient avec un séduisant troisième album, plus réjouissant et inventif que jamais. Il y combine à nouveau ses ingrédients favoris (musique traditionnelle du Pernambouc, électronique dansante, cuivres, éléments rock et dub) pour créer une collection de chansons joyeuses et ludiques, bien que basée sur l'observation d'une situation sociale et politique souvent difficile.

Comme il le raconte ci-dessus, Helder Aragão alias DJ Dolores a conçu ce disque en s'inspirant des chansons entendues sur la plage de Brasília Teimosa, un des quartiers les plus pauvres de Recife. Il y accompagnait son amie Bárbara Wagner, qui y réalisait un saisissant travail photographique (paru au Brésil sous forme de livre, préfacé d'ailleurs par DJ Dolores).
 
Partant de ces nouveaux hybrides populaires, DJ Dolores a créé 1 Real en compagnie de ces collaborateurs réguliers que sont la chanteuse Isaar, le chanteur/violoniste Maciel Salu et les musiciens Maestro Forró, Gabriel Melo, Fernando Catatau, Bactéria et d'autres encore. On notera la présence de deux invités: Silvério Pessoa – autre grand réinventeur de la musique nordestine – et Marion, une jeune chanteuse française qui vit à Rio.

Le titre bonus placé en fin d'album est un remix effectué par DJ Dolores dans le cadre du projet Danger Global Warming initié par la Blacksmoke Organization, un groupe international d'artistes plasticiens, cinéastes, musiciens et acteurs fondé par Jimmy Cauty (ex-KLF), qui vise à soutenir les causes environnementales par le biais d'actions artistiques. Pour ce projet particulier, ils ont enregistré un morceau en collaboration avec Hugh Cornwell (le chanteur des Stranglers), et le font remixer par une cinquantaine d'artistes.


Mini bio



DJ Dolores est actif au sein de la bouillonnante scène musicale de sa ville natale Recife depuis sa collaboration avec Chico Science et Nação Zumbi, créateurs du mouvement Mangue Beat vers la fin des annes 80. Il a ensuite travaillé en tant que graphiste, producteur de documentaires télé et compositeur de musiques originales pour le cinéma et le théâtre, avant d’adopter les platines et le sampler pour médium de prédilection. Il a effectué des remixes pour des artistes tels que Gilberto Gil, Tribalistas, Fernanda Porto et le Taraf de Haïdouks, a participé (aux côtés de David Byrne et des Beastie Boys) au projet Rip, Mash, Sample, Share monté par le magazine US Wired pour soutenir les licences Creative Commons, a composé la musique des films brésiliens A Máquina et Narradores de Javé et a récolté plusieurs prix au Brésil et à l'étranger (dont le BBC World Music Award, dans la catégorie ‘club global’). Ses albums précédents sont parus en 2002 (Contraditório) et 2005 (Aparelhagem).

DJ Dolores est à la pointe d’un mouvement qui se réapproprie des traditions musicales négligées et les fait connaître d’un public plus large (tant au Brésil qu’à l’extérieur), ce qui contribue modestement à combler le fossé entre riches et pauvres, entre jeunes et vieux... et à montrer que -au-delà de la bossa nova et de la samba- son pays recèle d’immenses richesses musicales.

Extraits de presse


"Il fait bouillir le chaudron des traditions nordestines sur une plaque électro… un traitement futuriste"  (Les Inrockuptibles)


"Un second album incroyablement festif, tissé d'emboladas (rap) endiablées et d'oniriques cirandas de pêcheurs" (L'Express)


"Depuis le Clash, on n'a jamais entendu d'intégration aussi réussie du ska et du dub jamaïcains à une autre forme musicale, afin de créer quelque chose de frais et d'excitant" (The Independent, UK)


1 Real titre par titre

Deixa Falar  | Le titre signifie 'laissez dire' (ne vous souciez pas de ce qu'on dit de vous). Les musiciens savent rarement classer ou décrire leur musique, et laissent donc cette tâche douteuse aux journalistes et aux directeurs de marketing. Les musiciens veulent faire de la musique, sans se soucier du bac dans lequel le disque sera rangé. Alors, que les cheins aboient et que la caravane danse.

Tocando o Terror  | ‘Tocar o terror’ est une expression utilisée par les gangsters brésiliens pour décrire la pression exercée par des menaces de violence. C'est fréquent dans les métropoles comme São Paulo ou Rio de Janeiro. Mais dans le cas qui nous occupe, je parle de la désintégration émotionnelle que certaines femmes ont le pouvoir de provoquer chez les hommes. Le personnage de cette chanson, c'est un peu la "Femme fatale" de Lou Reed, sauf qu'elle vient de la banlieue de Recife, elle a les cheveux décolorés, un tatouage cheap, et un sens moral peu développé en matière amoureuse… Je suis arrivé au studio avec une base, mais aucune idée de cmment la développer. Gabriel a fait un superbe solo et le reste a suivi. C'est Iné qui chante, et c'est notre première collaboration.

Cala Cala  | Je suis souvent stupéfié par cette forme de conviction qui est propre aux idéalistes "extrêmes": le monde qui les entoure leur semble à la fois imparfait et imperméable à leurs arguments. Ils pensent pouvoir changer le cours des choses en adoptant des postures radicales, arrogantes et inébranlables. Ils oublient malheureusement de prêter l'oreille aux propos des autres, et cette surdité finit par les rendre sectaires, voire totalitaires.

Proletariado  | Les choses ont peu changé depuis que le duo Marx/Engels a défini ce qu'était le capitalisme. L'exploitation d'êtres humains en vue d'accumuler les profits est la cause du gouffre toujours croissant entre les classes sociales. J'ai écrit cette chanson pendant qu'un débat faisait rage au Brésil, suite à un meurtre commis par un mineur d'âge: de nombreuses voix prônaient l'abaissement de l'âge à partir duquel les adolescents peuvent être jugés. Pauvres gamins ! Il me semble pourtant que le problème de la violence (au Brésil et ailleurs) découle de l'horizon bouché face auquel se trouvent ces jeunes: pas d'espoir d'éducation ni de meilleure qualité de vie, le modèle social génère une compétitivité démente qui les exclut d'entrée de jeu.

 Wakaru  | Que d'éléments disparates dans cette chanson: flûtes de folk Caboclinho, lignes de basse trance, un rabeca (violon) mélodieux et un type qui baragouine en vague japonais. Vous y avez compris quelque chose ? Moi pas, mais j'aimerais bien.

 Shakespeare  | Cadão Volpato était l'un des meilleurs songwriters de la scène rock brésilienne des années 80. Dénommé Fellini, son premier groupe était vraiment culte. Il a ensuite fondé Funziona Senza Vapore, pour lequel il a écrit cette chanson, originellement chantée en portugais. J'adore cette mélodie, et je rêve souvent de passer une semaine dans les limbes. La chanteuse est Marion Del'Eite, une française qui vit à Rio de Janeiro.

J.P.S.  | J'y essaie de démontrer aux athlètes et aux body-builders que les mots peuvent être aussi séduisants qu'un corps bien fait. Il y est question de Jean-Paul Sartre, Don Juan improbable mais dont les entreprises sont couronnées de succès. La structure rythmique se balade entre forró et dancehall, afin de souligner le lien fort qui existe entre le Nordeste brésilien et la Jamaïque. Vocaux assurés par Silvério Pessoa, l'un des grands chanteurs de la nouvelle génération de Recife.

Flying Horse  | Saul Williams a enregistré un morceau surprenant dans lequel il déclame ses textes sur fond de musique
Surf. Je voulais réaliser quelque chose de similaire, mais j'ai dû déraper dans un virage et la chanson a fini par sonner
comme ce qu'aurait fait un groupe de garage rock brésilien dans les années 70, si les ordinateurs avaient existé à
l'époque. La musique est animée par sa propre vie, mes amis, je ne fais que suivre.

Números  | En commençant l'écriture de ce titre, j'avais une vieille comptine en tête. Elle s'intitule A Velha De Baixo Da Cama ("La vieille dame en dessous du lit"), et de nouveaux personnages y apparaissent à chaque couplet, jusqu'à l'épuisement total des participants. Je ne sais pas ce qui s'est passé, peut-être le froid, ou la solitude dans les collines de Campos do Jordão (où je séjournais à l'époque), mais la chanson s'est transformée en un exercicie de comptabilité sentimentale plutôt mélancolique.

Mutant Child | Wolverine au Brésil? Oui, l'un des aventures du plus redoutable des X-Men se déroule dans le Nordeste, dans le petit état de Sergipe, qui est mon pays natal. On m'a commandé une bande-son pour le dessin animé, et j'ai essayé de recréer l'impression d'un voyage sur les routes boueuses du nord-est.

Saudade | ce mot n'existe qu'en portugais. Que signifie-t-il ? Ce texte tente de l'expliquer aux non-lusophones (mais il est malheureusement en portugais…). Ce titre a lui aussi été commandé pour une édition spéciale de Wolverine. C'est Maciel Salu qui chante.

The Mind Inspector | Que se passe-t-il dans la tête de l'autre ? N'aurions-nous pas tous envie de naviguer librement à l'intérieur du paysage émotionnel de l'être aimé, de visualiser ses pensées ?

Danger Global Warming | Ce remix a été réalisé dans le cadre d'un projet multimedia monté par la Blacksmoke Organization, qui rassemble des artistes, cinéastes, photographes et musiciens, et dont le but est de soutenir les causes écologiques par le biais d'actions audiovisuelles. Le titre a été enregistré par la Blacksmoke Organization, et remixé par plus de 50 artistes à travers le monde. Je me sens très concerné par le problème du réchauffement climatique, et j'ai participé à cette action avec d'autant plus de plaisir que la voix qui figure dans ce morceau est celle d'un de mes héros d'adolescence, Hugh Cornwell des Stranglers.

DJ Dolores



Releases

DJ DOLORES - 1 Real
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DJ DOLORES - Aparelhagem
DJ DOLORES
Aparelhagem
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